A l'issue des élections présidentielles au Sénégal, il m'est agréable de décerner un satisfécit tout particulier à deux personnes:
1) Le président sortant, Maître Abdoulaye WADE qui a déjoué tous les pronostics en ne rentrant pas dans le mur par une confiscation du suffrage popularaire, aussi bien au 1er comme au second tour. Cette élégance assez rare en Afrique mérite d'être saluée en dépit des sueurs froides que le personnage a donné aux Sénégalais et au monde entier par sa tentative désespérée de s'accrocher au pouvoir.Le comportement de Maître WADE, même si l'on peut penser qu'il n'a pas le choix, est tout de même une attitude de dignité qui ne caractérise que les vrais démocrates soucieux de l'avenir de leur peuple. Que de nos potentats ne font pas du passage en force sans se soucier des déconvenues qui pourraient en résulter, et qui en résultent souvent d'ailleurs, pour leurs compatriotes. Et donc, pour avoir eu un tel comportement, WADE mérite le respect des Sénégalais, et du monde entier. Il a su réintégrer l'intelligentsia africaine et universelle après s'y être écarté par son envie de se maintenir au pouvoir illégalement. Ce faisant, WADE a donné la preuve que le mal du pouvoir qui semble être un instinct chez les peuples noirs d'Afrique (je parle en toute réserve), peut être dominé, et que les cas de Nicéphore SOGLO, de Oumar Konaré, de Mandéla, de N'béki... ne sont pas forcément aussi exceptionnels que cela. Mes respects, Maître WADE.
2) Le peuple Sénagalais, qui s'est préparé à défendre jusqu'au bout les règles de démocratie qu'il s'est donné. En ne craignant ni les policiers, ni les chars pour l'intimider, et malgré les âmes qui sont tombées pour la cause, les Sénégalais ont réussi à dissuader le potentat qui allait éclore, et l'instauration d'une République bananière inévitable avec le retour de WADE. C'est ce courgage et cette détermination qui sont le vrai terreau de la démocratie. Et donc, la philosophie de "Mieux vaut boire notre gari et végéter dans notre misère plutôt que de risquer notre vie" ou bien "ils ont déjà trouvé leur compte... leurs enfants sont à l'étranger..... ils ont des billets d'avion en poche....", ce genre de litanie n'est que le propre des peuples lâches et couards qui ne peuvent échapper au destin de misérable...
Frères Sénégalais, bravo, et merci d'avoir donné une leçon à d'autres frères d'Afrique, pourvu qu'ils la comprennent et qu'ils se l'approprient.